J’ai enfin lu un livre d’Amélie Nothomb : Stupeur et tremblements.
Je m’y étais déjà essayé par le passé mais sans jamais réussir à achever la lecture de ces courts romans, quel que fût le titre, sans que je ne trouvasse une raison particulière – probablement le narcissisme pédant de l’auteure, auréolée de son chapeau, en autoportrait sur chaque couverture. Comme cette auteure était en lice pour le prestigieux prix Goncourt – qui récompense non pas un écrivain mais plutôt une maison d’édition -, je me suis dis qu’il était peut-être temps pour moi de rencontrer ses déjections littéraires annuelles. Un livre d’Amélie Nothomb laisse forcément des traces : on aime ou on déteste !
Ce livre est une autobiographie, à peine romancée.
Embauchée pour une année dans une importante firme japonaise, l’auteur pensait y être traductrice mais se retrouve à répéter inlassablement des tâches inutiles. D’erreurs en maladresses, la narratrice subit les humiliations de sa supérieure directe et vit une descente aux enfers jusqu’au poste honorifique de dame Pipi.
Même si l’humour est fin, poétique et parfois grinçant, il n’y a pas de quoi vraiment rire, probablement sourire et pleurer de tant d’ironie. Parabole de notre société ? L’absurde et l’acharnement kafkaïen sont omniprésents et cachent derrière ses névroses une écriture surfaite et qui permet à Amélie-san d’étaler toutes ses connaissances.
Amélie Nothomb dépeint le Japon, et celui de son enfance, par le biais de ses codes : honneur, sociétal, art de vivre, etc. Le récit sert de prétexte à présenter une certaine histoire du Japon, une observation fine de la société, de la culture nippone, de l’univers de l’entreprise avec ses employés dévoués, ainsi qu’une analyse des différences de mentalités entre le monde occidental et celui oriental.
Quelques passages peuvent paraître confus. Le dénouement quant à lui semble un peu précipité.
Il faut savoir que, pour écrire un livre, Amélie Nothomb se représente, pendant plusieurs jours, mentalement l’histoire : seuls sont connus le point de départ et la destination finale ; le choix de l’itinéraire demeure inconnu. Puis, elle couche le récit sur le papier. Le premier jet d’écriture sera le définitif, c’est-à-dire qu’il n’y aura pas de relecture ni de réécriture. Cela se ressent parfois, le récit étant décousu, même si les phrases sont souvent percutantes.