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Théorie de l’ennui

Je viens de terminer le livre d’Hervé Hue intitulé sobrement Théorie de l’ennui. Un livre avec un tel titre évocateur, voire provocateur pour oser écrire tout un roman sur un tel thème, ne pouvait être apparemment qu’un livre… ennuyeux. Mais qu’en est-il réellement ?

Ce livre semble être une autobiographie, ou plus exactement une tranche de vie, à laquelle tout le monde peut aisément s’identifier. Ecrit dans un style courant, neutre, à la première personne du singulier, le récit ne comporte aucun dialogue ; il rapporte parfois certains échanges indirects, ce qui accentue ce sentiment d’oppression et d’ennui. Rythme lent et ambiances léthargiques qui collent parfaitement à la dépression du personnage – ou aux RPS très en vogues dans nos sociétés contemporaines. Il nous entraîne à la rencontre du quotidien idéalisé du narrateur, dans ses divagations, ses états d’âme, ses illusions et désillusions, ses doutes, ses escapades nocturnes et ses réflexions intérieures.

Un cadre, habitant à Paris et travaillant dans une entreprise du quartier de la Défense, décide, un beau jour, de tout quitter. Qui n’a pas rêver un jour de tout plaquer, de renoncer à son confort imposé, pour changer de vie ? Pourquoi avoir un travail et une vie routinière ennuyeuse ? James Bond aurait répondu, dans Les Diaments sont éternels : « c’est alimentaire, mon cher Watson ! ».

Dès lors, s’installe une vie d’oisiveté, de dépendance face à l’écran de télévision, aux litres ingurgitées, et de flânerie à travers les quartiers de Paris : Montmartre, le Louvre, etc. Ce nouveau bonheur, cette liberté retrouvée, ne serait-ce pas plutôt le véritable ennui ? Ce livre est parsemé de clichés (l’angoisse du courrier recommandé dans la boîte-aux-lettres, le serveur, les files d’attente, etc.), pris sur le vif, qui concourent à cette impression de morosité omniprésente. Rien ne manque, comme un lexique à la Prévert. Les étudiants, les jeunes travailleurs, les actifs se retrouveront probablement dans les descriptions d’une vie quotidienne banale, soumise aux dictats des relations familiales, et guidée par notre modèle sociétal actuel. Cette accumulation, qui fait doucement sourire, nous incite finalement à nous demander : c’est quoi l’ennui ? Peut-on le théoriser ? Pourquoi cet ennui ? Mais est-ce le véritable sujet du livre ?

Hervé Hue symbolise toute notre société avec son employé modèle des assurances. Atteint du blues du businessman, incapable d’assumer ses actes, il se croit libre mais s’inscrit finalement dans la spirale des mensonges et d’une décente aux enfers volontaire. Sans évoquer la noirceur des difficultés de la vie, il présente plutôt un homme dépressif qui a décidé de changer de vie pour celle passionnante d’artiste ; en l’occurrence, l’écrivain. D’ailleurs, ce livre sert aussi à instruire une satire à peine voilée du monde de l’édition.

Alors, si vous n’avez rien à faire, ou simplement envie de rien – car comme le dit si bien Hervé Hue, « l’ennui, ce n’est pas seulement n’avoir rien à faire, c’est aussi n’avoir envie de rien » -, … ennuyez-vous avec ce livre.

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