J’ai lu Selfie de Yannick Giammona. Il s’agit d’une nouvelle très ancrée dans l’air du temps, qui se déroule à Libourne, et dont la lecture est aisée et au style modeste voire téléphoné.
L’histoire est toute simple : 5 personnages disparaissent après avoir voulu se prendre en selfie avec un smartphone (je tairai la marque et le modèle même si celle-ci est ouvertement mise en avant). Nous avons un jeune lycéen, Nolan, victime de la fracture numérique, qui se voit offrir un smartphone par ses parents pour sa récente obtention du diplôme du brevet des collèges. Puis, Julie, une adolescente qui suit des cours de coiffure dans un lycée professionnel, est victime du même smartphone. Le smartphone sévit ensuite sur Robert, un vieux SDF. Enfin, un couple de lesbiennes caricaturales, Sophia (masculine) et Mathilde (féminine), atteinte d’achromatisme, complète le tableau.
Le récit alterne entre d’une part la présentation un à un des divers personnages et leur disparition et d’autre part leur survie dans dans un endroit mystérieux, tout blanc et saupoudré d’un tout petit peu de fantastique ; jusqu’à ce que le petit groupe soit enfin réuni. On comprend rapidement et aisément où ils se trouvent. Dès lors, la seule question qui maintient le suspense est : comment vont-ils s’en sortir ?
Tous s’en sortiront… sauf un ; je vous laisse deviner lequel, à l’image de notre société et de ses laisser pour compte. Critique de notre société et du rapport à l’autre et à l’image, cette nouvelle se laisse lire comme un page turner jusqu’au dénouement final.