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Palimpsestes futurs

J’ai lu le recueil de nouvelles de Jean-Christophe Heckers Palimpsestes futurs. Ce recueil de nouvelles est gratuit. Il est loisible de dire que « si c’est gratuit… c’est toi le produit » et que la qualité risquerait de ne pas être au rendez-vous. Alors ? Verdict !

Au premier abord, la couverture est intrigante et laisse présager un contenu des plus énigmatiques qui se doit d’être exploré. Dès les premières lignes, le décors est posé et l’immersion est totale. L’ambiance s’impose d’elle-même. Le vertige naît. C’est de la science-fiction : de la vraie ! Le lecteur ne sera pas déçu de son voyage.

L’excellence sans fioritures (SF)

Ce recueil comporte 5 nouvelles toutes plus étranges, tant dans leur narration que dans leur structure, les unes que les autres :

  • Blok 61 nous entraîne dans un multivers (des univers parallèles reliés entre eux). Stargate et Sliders sont dépassés. Le lecteur se laisse balader et saisit au passage les indices semés d’un univers à l’autre. Il reste à assembler le tout pour comprendre l’équation littéraire.
  • Celle qui suit Déserteur, pour toi ce labyrinthe est sans conteste ma préférée. On retrouve une ambiance à la John Le Carré dans ce récit. On sent l’oppression, la solitude, la psychologie et toute la condition d’un agent secret qui fait défection. Là aussi, le sujet de la nouvelle, tel qu’il est emmené, dans une construction (réelle – la ville – et imagée) est déroutant.
  • Convergences, à titre personnel, ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. L’humour la jalonne.
  • De Profundis est sans doute la nouvelle la plus autobiographique de l’auteur où transparaît une légère satire de la bureaucratie et des technocrates. Elle révèle l’idée centrale du livre, à savoir que le futur pourrait bien être une couche du passé, ce qui transparaît dans le titre dudit recueil. Ce thème n’est pas nouveau mais il est abordé avec un biais totalement inédit. Les personnages, ainsi que le lecteur s’enfoncent jusqu’à être dans la merde au sens propre (façon d’écrire) et figuré. Même si le récit s’enlise, avec quelques longueurs, l’odeur des immondices nous entraîne de fond en comble dans un suspense et vers un dénouement tout à fait, encore une fois, imprévu.
  • Avec Ad Infinitum, l’auteur répond à la question « pourquoi n’arrive-t-on pas à revenir d’un univers parallèle » de manière inattendue en défiant toutes les lois de la physique mais sans perdre en crédibilité scientifique et dans une explication aisément compréhensible.

Le nombre de personnages est volontairement restreint mais leurs interactions – ou leur intrication, devrais-je dire – nous plonge dans la mélodie intérieure de leurs maux à travers des mots auréolés de poésie. L’écriture est sublime, épurée quoique inégale. La plupart des nouvelles sont écrites avec l’emploi du « je » et comportent très peu de dialogues, ce qui est un long exercice de style qui renforce cette impression singulière qui se dégage tout au long des divers récits. Enfin, le thème de l’homosexualité est omniprésent tout au long de l’ouvrage tandis que l’amour, l’amour distancié et l’amitié sont les deux mamelles de tous ces récits.

Certes, il faut parfois lire et relire le texte (à la manière d’un palimpseste) pour en comprendre tous le sens et la logique. Car aucun indice à la compréhension globale n’existe, juste des traces parsemées comme les restes d’un parchemin. En dernier ressort, si un doute subsiste, plongez dans un univers parallèle jusqu’au bloc 61 au poste 74264.

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