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La conjecture de l’aubergine

Si vous êtiez condamné pour avoir tué une belle plante, resteriez-vous indifférents ? Quel comportement adopteriez-vous face à un tel « naturicide » ? Seriez-vous toujours aussi arrogant ? Evadez-vous au cœur d’un livre atypique, fou comme notre monde. Ce conte établit le parallèle entre d’une part les violences verbales et physiques faites aux femmes par les hommes et d’autre part la destruction et la violation de Dame Nature par l’Homme. Un conte philosophique des temps modernes !

 — Il y aura quoi au repas ce midi ? questionna-t-il insidieusement.
 — Des aubergines, répliqua-t-elle sans ambages.
 Il grimaça imperceptiblement. Puis, il se leva précipitamment.
 — Encore des légumes ! rouspéta-t-il avec véhémence. De plus, tu sais parfaitement que j'ai une sainte horreur des aubergines ! A force d'en manger à tout bout de champ, trop cuites et parfois aux saveurs misandres, je vais finir par faire des cauchemars d'aubergines géantes qui me dévorent tout cru !
 Il pérorait avec véhémence. Il lui faisait tous les reproches de la terre avec un aplomb indigne de la tour de Pise. Il l'accusait de tous les maux et d'empoisonneuse en la pointant avec son majeur tel un symbole phallique. Il affirmait des truismes à vau-l’au : « les hommes ont un QI alors que les femmes n’ont qu’un Q ! » Puis, il éclatait avec fulgurance d’un rire puéril. Le passé pardonné resurgissait cycliquement et ensevelissait leurs meilleurs moments quand il lui contait fleurette pour la passation d’une alliance précaire. Les incartades s'éloignaient de l'oubli. Maintenant, il était neuf heurts moins le cœur. Plus il gesticulait et plus il se muait en la déesse hindoue Kali.
 Déconfite, elle ne disait mot sans toutefois consentir.
 — Je vais me cuisiner des agapes dans une charmante auberge, déclama-t-il avec un léger rictus, bien gras, caloriques et avec une religieuse voluptueuse comme dessert. Tu viens, Maya.
 Le drone ne se fit pas prier et prit son envol pour rejoindre son maître et se blottir dans son conduit auditif telle une oreillette intra-auriculaire.
 — Tu ne manques pas d'air, ajouta-t-il, alors débrouille-toi toute seule. Moi, je change d'air ! Tu entends, je pars d'ici.
 Sur ces entrefaites, il franchit le seuil de la chambre et poussa violemment le vantail de la porte qui coulissa sur son rail huilé pour sceller hermétiquement la chambre funéraire.
 — Quelle cretonne ! fulmina-t-il.
 
© Alexandre ROGER, Editions Maïa
format 15,5 x 23,9 cm, 52 pages, 14€
  • Disponible sur le site des éditions Maïa (frais de port offert).
  • Disponible sur Amazon (frais de port de 2,96€).
  • Disponible à la FNAC.
  • Disponible en librairie via la place des libraires.
  • Auprès de l’auteur (19€, dédicace comprise, frais de port inclus).

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